Ouverture, Capture et Aventure.

L'Ombre resta sur place un moment, réfléchissant un court instant avant de conclure.

- Dans ce cas, je leur parlerais tout de suite et ici. Que tout le monde stoppe la marche, les soldats seront sûrement ravis de faire une pause. Moi je dois faire quelque chose avant de commencer l'entrevue.

Ulric se plaça aux alentours du campement et lança des incantations inconnues en traçant des symboles dans le sol. Les symboles s'illuminèrent et il recommença la manœuvre tout autour du campement. Il se dirigea vers les dragons et leur parla.

- Je suis Ulric Klein, un Ombre envoyé par un démon ici même en Alagaësia. Mon maitre m'a parlé de vous tous. Je connais tout ce qu'il est nécessaire de connaitre afin de mener à bien ce qui doit l'être... le destin, comme vous l'appelez en ces terre, la fatalité, comme nous l'appelons dans le monde des profondeurs. Accepteriez-vous que nous parlions sans violence comme des êtres civilisés ? Car je sais que malgré les apparences, les dragons sont bien plus civilisés que certains humains. Je peux vous garantir que cette entrevue vous donnera satisfaction autant qu'à moi.

Invité

Le dragon couleur de saphir savait que la situation n'était pas idéale, et Adurna avait parfaitement raison dans ses paroles. Le point à ne surtout pas oublier, c'est qu'ils n'étaient plus seuls. Loin de là. Déjà ils étaient ensemble et au delà de ça, beaucoup de personnes leur tenaient à coeur maintenant. Elya et Namsaru en premier lieu, mais aussi leurs amis elfes : Eragon, Eleana, Erylia et leurs congénères dragons Saphira, Fûndor et Mestral.

"Moi aussi il y a quelques mois, j'aurais agit de manière bien différente. Tous ces soldats ou du moins la majorité serait morte et j'aurais disparut de leur champ d'action ensuite avant qu'ils ne puissent réagir. Mais je ne te laisserais pas seule dans la capitale-du-roi-tyran. Si on doit réussir à fuir, ce sera ensemble ou rien. Je refuse de t'abandonner."

Puis alors que Sungallu recentrait son attention sur ceux qui les avaient capturés, il remarqua que l'ombre-étrange-entourée-de-ténèbres effectuait quelque chose qui ressemblait à un rituel en plusieurs points autour du campement. Il en déduit bien vite que celui-ci installait une espèce de protection. Puis celle-ci s'approcha d'eux. Leur proposa de parler posément. Le dragon voyageur fut le premier à répondre.

"Je suppose que cela est possible oui, puisque de toute manière en ce qui nous concerne * inutile de dire qu'il faisait référence à Adurna et lui-même * nous ne pouvons guère faire autre chose. Nous vous écoutons donc, Ulric Klein. Mais faites attention à chacune de vos paroles, car rien n'échappe à un dragon et ils ont la mémoire très longue."

L'Ombre prit en considération le conseil du dragon mâle et continua.

- Je ne suis pas assez fou pour sous-estimer la noble race des dragons. Je vous parlerais autant à égal que possible, bien que pas tout à fait car je connais certaines choses que vous ignorez... dont certaines que vous voulez savoir, Sungallu. Demandez-moi ce que vous avez toujours voulu savoir, je vous accorderais la réponse si la Fatalité le veut. En échange, je ne vous demanderais que de faire ce que je vous demanderais. Ne vous inquiétez pas, il est hors de question que je ne vous fasse quoi que ce soit, ni à vous, ni à votre compagne.

Invité

Le dragon pesait chaque parole. Il entendait de la sincérité dans la voix de l'ombre, ainsi qu'un choix très précis de mots. Il savait qu'il était sur une pente glissante.

"Je trouve que vous avez une manière tout de même assez pessimiste de voir les choses. Cela est peut-être inhérent à votre peuple, cependant je trouve que résumer le Wyrd au mot de fatalité est le priver d'une parti de son aspect. Vous ne voyait que la partie négative, que ce qui doit être fait, comme si il n'y avait pas d'alternative. De par la même vous niez aussi l'influence que peut avoir nos choix sur notre vie. Si on en suit l'idée que vous avez, nous faisons que suivre un chemin tracer, et notre libre arbitre ne serait qu'illusion. Mais personnellement, je ne partage pas votre point de vue. Je vis depuis un certain temps maintenant. Peut-être pas aussi longtemps que vous, mais j'ai vu certaines choses de mes yeux. Des gens changer ce qui ne semblait pouvoir l'être. Mais avant de poser des éventuelles questions,je préférerais savoir ce que vous attendriez en échange. De cette réponse dépendra mon choix de poser éventuellement des questions."

Sungallu encore une fois faisait preuve de discernement, il préférait ignorer des éléments le concernant si le contre coup était trop grand.

L'Ombre écouta chaque parole du dragon avec attention. Lorsque la noble créature eut finit son récit, Ulric enleva son capuchon. On voyait désormais enfin le visage de l'Ombre. Son visage était contre toute attente celui d'un humain banal à part la pâleur de son teint, ses yeux étaient d'un bleu profond et agréable et ses cheveux d'un rouge prononcé. Cependant, son visage était recouvert de symboles étranges qui n'avaient rien de l'ancien langage, sans doute un langage démoniaque. Le visage de l'Ombre était inexpressif et lorsqu'il répondit au dragon, sa voix était toujours aussi neutre.

- Mon maitre me demande de vous montrer mon visage, car vos mots transpirent la sagesse et que je dois faire preuve de politesse envers vous. Pour vous répondre, sachez que vous ne devriez pas vous fier au mot "Fatalité" qui n'est pas vraiment ce qu'il semble être pour vous. Mon maitre ne dénigre pas les choix que vous pouvez effectuer, au contraire. Ces choix ne changeront pas votre destinée, certes, mais ils changent le chemin que vous empruntez et certains aspects particuliers de votre vie. Vous avez des paroles sages dragon, mais les mots vous touchent trop. Vous y portez bien trop de considération, ce qui est un défaut. Cependant, chaque être possède un défaut, je ne vous en tiendrais donc pas rigueur. Ce que je veux que vous fassiez, c'est venir à Urû'baen, dans le château de Galbatorix. Là-bas se trouve un point important de votre destinée, quelque chose qu'il vous faut affronter. Ce qui s'y passera sera également un tournant pour de nombreuses personnes. De même, je vous demanderais d'ouvrir le lien avec vos dragonniers respectifs à son maximum afin que ceux-ci sachent que vous êtes en "danger". Ne vous inquiétez pas, je peux vous garantir que ce qui e produira à Urû'baen n'entrainera aucune mort d'un côté comme de l'autre. C'est tout ce qui m'est permis de vous révéler. A vous désormais le choix, dragon. Mais sachez que quoi que si vous choisissez de refuser, cet affrontement aura tout de même lieu plus tard, mais qu'à ce moment, je ne pourrais point garantir la survie de tous.

Invité

La forteresse de Galbatorix, sans danger pour leurs dragonniers et leurs amis ? Bizarrement Sungallu n'était pas prêt d'y croire. Le roi tyran désirait la mort des Vardens, et des symboles de la rébellion, de ceux sur qui reposaient les espoirs des peuples libres. Hors parmi ses gens se trouvaient beaucoup d'amis des dragons. Notamment Eleana et Eragon qui étaient très fortement recherchés. Pour eux aller à Uru'Baen revenait à se lancer dans la gueule du dragon. Même si l'ombre, car il était maintenant avéré que s'en était une, avait promis de ne rien leur faire, Galbatorix lui voudrait assouvir cette vengeance, mettre fin à toute opposition et ce serait le moment rêvé pour cela. De toute manière les deux dragons allaient être conduits à la capitale et il ne faisait aucun doute que Elya et Namsaru connaissaient leur situation. Maintenant il attendait des réactions de la part de la dragonnière et de sa compagne, vu que l'ombre s'était exprimée.

Adurna jeta un coup d'oeil à Mavia tout en écoutant Ulric parler. Elle restait silencieuse pour mieux analyser les réactions de la fille de Galbatorix. Or, cette dernière continuait à afficher son éternel masque de neutralité glacée... Pourtant la jeune Dragonne était certaine que les paroles de l'Ombre ne lui étaient pas indifférentes.
Ad' connaissait mal les Ombres, elle en avait à peine entendu parler, lorsque sa famille faisait encore partie de ce monde. Sa mère avait évoqué ces créatures étranges, dont ils disaient ignorer la provenance. Adurna avait songé à un assemblage de différents esprits prisonniers dans un corps... Cependant... Elle sentait une aura étrangère, d'une magie ne lui étant pas familière, émaner d'Ulric Kleim. Cela l'impressionait certes, et malgré certaines réticences, la jeune Dragonne reconnut la justesse de son discours. Depuis le début, elle ne lui avait perçut aucune intention de s'en prendre à eux, sentiment appuyé par ses dires. Mais qu'allait-il arriver à Urubaen ? Etait-ce différent de ce que Galbatorix leur avait destiné ? Non, sinon Mavia s'y serait déjà opposée... Pourtant, Ad' voyait mal celui qui avait détruit tant de Dragons les laisser retourner à leur liberté après cette entrevue mystérieuse. Ce serait être naif...

* Si je parle peu, c'est plutôt que je médite sur vos paroles qui ne sont pas dénuées de vérité. Je ne possède pas le même franc-parler que Sungallu, ni un pouvoir sembable des mots qu'il lie et fait vivre, siècle de solitude oblige, et étant donné les circonstances, je préfère ne pas m'étaler en paroles.
Cependant, j'avoue avoir du mal à songer que vous ayez toutes les clés pour être en mesure de répondre à beaucoup de nos questions, dans le domaine, apparemment, de l'existentiel, mais je ne le conteste pas, sinon vous n'y attacheriez pas autant d'importance.
Non, ce qui est le plus troublant, c'est le fait que vous dites que ce qui se produira à Urû'baen n'entrainera aucune mort d'un côté comme de l'autre. La présence de Galbatorix, puisqu'il est forcémment lié à ce projet, ne semble pas l'admettre. *

La Dragonne s'était prudemment avancée en terrain dangereux, celui qui touchait à leur avenir proche, peut être même trop proche...

Ulric regarda Sungallu, puis Adurna. Il resta un moment focalisé sur la dragonne et répondit.

- Il est compréhensible que vous ne me croyiez pas. Cela peut sembler prétentieux de ma part, mais je peux savoir ce qui se produira dans un futur proche, cela étant dicté à mon oreille par mon maitre "Fatalité". Il m'a dit qu'il n'y aura pas de morts à Urû'baen. Cela peut en effet sembler impossible de part la présence de l'empereur, mais les événements vont s'enchainer de telle manière que vous en sortirez indemnes. La seule différence que cette entrevue aura sera une avancée concrète des deux côtés vers l'avenir. L'avenir des dragons eux-mêmes est également en jeu. Vous êtes cependant libres de ne pas me croire et, dans ce cas, de ne pas avertir vos dragonniers de votre capture. Dans ce cas, les choses changeront légèrement et votre survie ne pourra pas être garantie.

Invité

La voix de Sun' s'éleva de nouveau.

"Je vais faire ce que vous demandez. Mais je vous assure que si vous nous avez menti, la terre d'Alagaësia ne sera pas assez grande que ce soit sur la terre, au dessus ou en dessous pour que vous puissiez vous y cacher, je vous retrouverais et je vous tuerais moi même, alors j'espère pour vous que votre maitre à raison."

La menace était clairement perceptible et parfaitement sérieuse. Adurna sembla surprise de voir cet aspect du dragon couleur de Saphir. Autant elle l'avait connu doux, autant là elle pouvait voir son coté impitoyable, le prédateur naturel qu'était le dragon. Celui-ci ouvrit pleinement son lien.

"Sungallu ? Que t'arrive t-il ?"
"Je suis prisonnier. Mavia et une ombre nous ont capturé, Adurna et moi. On va être emmenés à Uru'Baen."
"Ne fais rien d'imprudent, on arrivera bientôt pour vous sortir de là."
"Je suis désolé."
"Ce n'est pas ta faute Sun', tâches juste de rester en vie, on vous libérera."

Les dragons commencèrent le voyage vers la capitale, tandis que le jeune demi-elfe réveillait leur groupe.

Eleana se fit réveiller par Fûndor. Elle sursauta. Chercha après Sun et Adurna.

- Où sont...?
- Capturés par Mavia ! l'informa Elya.
- QUOI ??
- Ne cries pas !!

Eleana se leva rapidement tout en se maudissant.

- Bon sang, j'aurais dû faire plus attention !!

Elle ramassa ses armes et se prépara.

- Je vous laisse vous préparer, je vais voir ce qu'il en est.

Elle disparut, aussi vive que l'éclair.

Invité

- Eleana !!

Mais il était déjà trop tard. Elle était partie.

"Sun' a dit qu'il ne fallait pas se précipiter sans réfléchir !! Je sais que ça parait bizarre, mais pour le moment il m'assure qu'il ne risque rien. La situation est étrange."

Il ne savait pas si l'ambassadrice l'écouterait, mais au moins elle était prévenue.

Mavia avait observé l'échange entre l'Ombre et les Dragons sans mot dire, comme si elle était ailleurs... Pourtant, elle avait écouté chaque parole échangée avec une attention soutenue, pour essayer de trouver une faille dans leurs propos.
Elle n'aimait pas le fait qu'Ulric puisse prédire l'avenir. Cela lui faisait peur, lui infligeait une terrible angoisse, qui lui tenaillait le ventre... Il assurait que personne ne mourrait à Uru'Baen. Or, si elle avait ramené Adurna et Sungallu à la forteresse, son père aurait probablement fini par les tuer, vu qu'ils lui étaient farouchement opposés. Donc, les choses n'allaient pas se passer telles qu'elle l'aurait voulu...
Néanmoins, elle avait compris que quelque chose d'important allait se passer là-bas. Elle ne pouvait y échapper, et sentait presque un lien invisible l'attirer vers la capitale de l'Empire. Elle ne se sentait plus maître de ses décisions...
Comme un automate, elle se mit en route, les soldats sur ses talents, vers son destin.

Peu à peu, le paysage de la plaine laissa place au climat aride, et au décor désolé du désert. Les arbres se faisaient rares et ne portaient plus de feuilles, les plantes rabougries périssaient face à la morsure du soleil, les lapins et autres habitants des plaines avaient disparus, au profit des vautours qui tournoyaient dans le ciel.
Un paysage de cauchemar... Le territoire de Galbatorix. Soudain, une ville gigantesque surgit à l'horizon. Ils étaient arrivés à Uru'Baen...

Eleana reçut le message mental de Namsaru. Elle ne ralentit pas.

"Je n'ai pas l'intention d'aller chercher Sungallu et Adurna."

Elle monta à la cime d'un arbre qui surplombait Uru'Baen.

"Je veux juste surveiller la ville."

Invité

Le dragon voyageur observa ce qui se tenait devant leur petit groupe. L'entrée de la vaste ville d'Uru'Baen. Capitale de l'empire, lieu de villégiature de Galbatorix. Le repaire du tyran, la forteresse de l'oppression, le domaine de leur ennemi. C'était gigantesque, même vue à la taille d'un dragon. Manifestement le roi tyra avait le sens de la démesure. Ou l'art de faire que n'importe qui n'ayant pas la taille d'un dragon se sente minuscule, insignifiant, quasiment inexistant dans cet endroit. Tout était de si grande taille que n'importe quel humain ou elfe passait pour un nain dans ce décor de colosses. De plus, l'atmosphère était oppressante, insidieuse, mauvaise. Dès que l'on arrivait dans les alentours de la cité, n'importe qui se sentait mal à l'aise. C'était comme ci cette ville était un vaste monstre, capable de drainer la vie de ceux qui y entraient. Comme un charognard évicérait sa proie de toute sa viande putréfiée de cadavre, Uru'Baen sentait la mort, la fin de toute chose. Dire que cet endroit avait était dans les temps anciens la brillante capitale des dragonniers, leur fief d'où ils avaient aidé à construire l'âge d'or de l'Alagaësia semblait vraiment difficile à croire. Tout était si sombre. Comme un couloir du purgatoire avant les enfers, largement représentés par la vaste forteresse noire qui était de loin l'édifice le plus visible. Parce que si tout paraissait sombre au dragon couleur de saphir malgré sa vue si particulière, il ne fallait pas demander ce que cela pouvait donner du point de vue de ceux qui percevaient les nuances de couleur.

Si Adurna restait neutre extérieurement, malgré et à cause des affirmations de l'Ombre, elle trépignait intérieurement. Elle se savait incapable, seule Dragonne qu'elle était, d'infliger le moindre mal, ou de faire la moindre action qui pourrait apaiser la flamme de son besoin de vengeance à Galbatorix et ses troupes, face à son armée apparemment trop puissante et trop nombreuse, et les multitudes de Sorciers dont elle perçevait la présence au fur et à mesure qu'ils s'approchaient de la capitale.
Cela avait donc raviver le feu, sans pour autant exploser. La jeune Dragonne ne sentait déjà presque plus le sentiment de légèreté qui l'accompagnait en permanence lorsqu'elle savourait sa liberté, et cela lui était insupportable. Or, pour sa Dragonnière et leurs compagnons, et surtout pour Sungallu, elle devait se montrer digne du courage et de la volonté de ce dernier, afin de ne commettre aucun faux pas. Elle se devait d'attendre, attendre un signal, l'enclenchement, et primordialement un signe de la part de Sun', sinon elle signait leur arrêt immédiat de mort. Attendre... Un mot qu'elle respectait dans ses tournures, mais qui ne lui avait jamais parrut aussi pénible pourtant.
En entendant la menace de son compagnon, elle comprit qu'il continuait à espérer, avec une énergie admirable. Ad' s'appuya alors sur la profondeur de leur lien, et le fait que quoiqu'il arrive, ils resteraient ensemble, unis, lui fit garder foi en l'avenir. Leur mort, ou leur déclin ne pouvait pas être annoncé pour maintenant, pas juste après leur révélations amoureuse...
Adurna sentit que Sungallu avertissait Namsaru. Hésitante, ne souhaitant pas méler inutilement Elya dans cette affaire, elle la contacta finalement également, en espérant pour qu'elle ne tente rien de trop audacieux et dangereux. Comment pourraient-ils les aider, dans la situation où ils étaient ?
La cité de Galbatorix lui apparut alors, dont les contours sombres semblaient vouloir toucher le ciel. On aurait dit une immense forteresse, batie dans l'unique but de résister à tout assiègement. La jeune Dragonne n'avait jamais vu pareilles constructions humaines... C'était démesurément grand, presque trop grand pour des êtres si petits !
L'atmosphère s'alourdie, comme si elle devenait plus mauvaise, plus opressante, diffusant un message d'avertissement aux arrivants... Quelle était donc cette monstrueuse cité ? Annoncait-elle une mort imminente ? Un sort bien pire ? Adurna s'arrêta à quelques centaines de mètres des grandes portes. Elle n'était pas nerveuse, juste surprise par un sentiment effroyable qui l'avait parcourue. Aucun rapport avec leur avenir futur, même s'il risquait de ne pas durer bien longtemps. Non, elle sentait quelque chose de mauvais, une certaine opression, comme des certaines plaintes... Elle agita la queue, le regard flamboyant. Pourquoi continuer ? Elle se demanda quelle serait la réaction des gardes...

Mavia observa les Dragons, et observa les Dragons. Elle ne pouvait déchiffrer leurs sentiments, mais elle savait, ayant vu d'autres gens dans la même situation autrefois, ce qu'ils éprouvaient face à la cité de son père. Elle était fière d'Uru'Baen la "superbe", la colossale.

Peu à peu, le jour déclinait. Le soleil se couchait lorsque la grande troupe entra dans la ville, et rares étaient les riverains non encore rentrés chez eux, car les nuits n'étaient pas sûres ici... Les gardes hésitèrent à ouvrir les loudes portes de la ville, avec les Dragons et les soldats qui auraient pu être des Vardens déguisés, mais en reconnaissant Ulric Klein et Mavia ils actionnèrent les leviers et les portes s'ouvrirent dans un grand bruit.

Mavia congédia la plupart des soldats, qui rentrèrent à la caserne. Il restait donc dans leur groupe Adurna et Sungallu, une dizaine de gardes, Ulric, Sarbä'Khan et Mavia.

Ils se dirigèrent vers le palais. Les soldats qui veillaient à l'entrée ne bronchèrent pas, mais Mavia sentit leur peur des Dragons dans leur esprit. C'est vrai que ces derniers étaient bien bâtis... Mais à présent qu'ils étaient dans Uru'Baen, tenter de s'échapper serait un exploit.

La forteresse avait été bâtie avec la pierre, mais son coeur était creusé dans le roc d'une ancienne petite montagne. Si bien que certains couloirs étaient très étroits, et les Dragons ne pourraient y passer.

Ils s'arrêtèrent donc dans une cour. Par précaution, Mavia, Sarbä'Khan, Ulric et quelques magiciens du château entravèrent les ailes des Dragons avec la magie, les empêchant temporèrement ainsi de s'envoler.

Puis Mavia demanda à un jeune page d'aller chercher le roi...

Invité

Le dragon de saphir restait silencieux alors qu'ils avançaient au coeur de la base des forces ennemies. La créature mythique ressentait le fait que le tyran était proche, non pas vraiment, mais une impression. Une noirceur grandissante qui les enveloppait tous dans les ténèbres, essayant de faire disparaitre la moindre parcelle de bonheur, de réduire à néant la moindre lueur d'espoir. Seul tout ce qui était synonyme de fin semblait avoir droit de cité, et les personnes n'étant pas natif de ce lieu étaient ni plus ni moins que des futurs condamnés. Pourtant, d'après les dires de Klein, personne ne mourrait aujourd'hui. Cette affirmation sonnait de plus en plus fausse dans l'esprit du voyageur. Un page fut envoyer chercher le roi, alors que de multiples sorts entravaient les possibilités de mouvement de sa compagne et de lui-même. Mais même si c'était la mort qui les attendait, Sungallu était prêt à l'affronter. Il ne savait pas ce qui allait se passer, ni ce qui serait échangé en ce lieu et en cette date. Mais en attendant, le fier destrier du ciel analysait et mémorisait chaque détail de l'infrastructure d'Uru'Baen qu'il avait a portée de vue. Non seulement pour essayer de repérer une éventuelle voie de sortie, mais aussi au cas où il passerait de vie à trépas pour pouvoir fournir le maximum d'informations sur la capitale de l'empire à son dragonnier qu'il sentait s'approchant. Il avait apprit l'action d'Eleana et à sentir la vitesse de rapprochement de son âme soeur, nul doute que Mestral et Fûndor étaient mis à contribution pour transporter tout le monde. Mais maintenant, il ne restait qu'une chose à faire. Attendre. Patienter de manière à voir et ressentir chaque grain du sablier s'écouler lentement, indiquant la fin du temps où Galbatorix ignorait encore qui étaient ses ennemis les plus redondants, qui étaient les épines dans son pied. Car nul doute ne se faisait que pour un tel problème, tous leurs amis aller venir sur la gigantesque forteresse noire. Donc que plus personne ne pourrait prétendre être dans l'anonymat. Enfin, connaitre le visage de quelqu'un risquait simplement de rendre les escapades des elfes dans les villes pour le ravitaillement plus difficiles, ce qui était surtout très important, c'était que leurs véritables noms restent inconnus. Le roi semblait prendre son temps avant d'arriver.

Ulric observait, comme toujours, sans dire mot. Il observait les dragons et Mavia, sachant leurs craintes, leurs doutes et leur vision de l'avenir. Tout cela était assez aisément déductible. Il leur avait annoncé qu'il n'y aurait aucune mort, et c'était une certitude pour l'Ombre. Désormais, il ne manquait plus que l'arrivée de l'empereur puis plus tard celle des dragonniers afin que les vérités soient révélées et les destins croisés. Alors, une pensée traversa l'esprit de l'Ombre : Que se passerait-il dans leurs tête après les événements à venir ? Car malgré sa vision du futur, il ne pouvait prédire les pensées et les sentiments futurs, ceux qui seraient la conséquence des événements. La perspective d'une chose incertaine s'ouvrait enfin dans l'esprit de Ulric, celui qui savait presque tout.